Comment poser la question de la parentalité ?
Avant,
c'était simple: on couchait, on s'exposait à la procréation,
l'acte sexuel était le l'antichambre de la parentalité, acte sexuel
= acte de procréation.
Ce temps n'est plus, où du moins, les
choses ont changé.
Quelle est la situation
actuelle ?
L'acte sexuel est détaché de l'acte
de procréation pour les femmes.
De ce fait, logiquement, chaque enfant
à naître devrait être désiré de ses parents. Or il n'en est
rien, si la femme a le droit fort légitime d'être mère seulement
si elle le veut, le consentement du père à la parentalité est un
concept dont notre société rejette viscéralement la nécessité.
Il en découle que notre société
dénie à l'enfant le droit, pourtant lui aussi fort légitime,
d'être désiré par ses deux parents.
Un enfant, aujourd'hui, dans une
société qui se veut « civilisée », ne devrait il pas
être le fruit d'un projet parental mûri, cultivé, fantasmé
longuement, d'un désir partagé ?
Dans ce nouvel état du monde dans
lequel la pilule masculine n'est pas encore au point, que dans une
relation durable, la femme elle même en vient à refuser l'usage du
préservatif, que la vasectomie est un choix radical par lequel
l'homme renonce définitivement à rencontrer un jour la femme qui
lui donnera le désir de paternité, le choix de parentalité
n'appartient plus qu'à la femme.
Le dialogue inventé cité ci-dessous
résume donc le point de vue de notre société sur ses enfants :
- Maman, pourquoi suis-je au monde ?
- Parce que je t'ai désiré mon enfant.
- Et papa ?
- Papa c'est moins important, il n'avait qu'à prendre ses précautions.
Le besoin d'un enfant d'avoir deux
parents consentants est nié de fait. L'acte sexuel du géniteur vaut
consentement à la charge parentale et à son engagement, c'est comme
ça, même si l'enfant doit souffrir du non désir de son père.
Il y a confusion entre le parent
biologique et le parent affectif.
Concilier
trois points de vue différents :
Pour tenter d'apporter une
solution à ce nouveau déséquilibre, de
nombreuses voix proposent la paternité sous X. Donner à
l'homme le même droit qu'à la femme : n'être pas connu de son
enfant, lequel est confié à des tiers.
Cette solution, si elle a le mérite
d'apporter une solution aux deux parents « non désirants »,
me paraît toutefois encore imparfaite, tout humain ayant besoin un
jour où l'autre de connaître ses origines.
La nouvelle équation dans la
problématique du choix de parentalité s'articule donc sur trois
points de vues :
Celui de la femme
Celui de l'homme
Celui de l'enfant
Pour l'enfant : il paraît
évident que son intérêt est d'avoir deux parents aimants,
partageant le désir d'être ses parents, de vrais parents affectifs.
Dans le cas où il ne connaît pas ses parents biologiques, de
nombreux témoignages montrent qu'il le souhaite et que cette
connaissance est nécessaire pour construire sa vie sereinement.
Pour la femme : son intérêt
est de conserver une parentalité consentie. Puisque c'est dans son
ventre que l'enfant est fabriqué, le droit à l'I.V.G. doit demeurer
sacré.
Pour l'homme : son intérêt
est d'accéder, comme la femme, à une parentalité consentie. En
aucun cas, pourtant il ne peut s'envisager qu'il dicte
unilatéralement le choix d'avorter ou de ne pas avorter à une
femme.
Alors, comment concilier dans l'intérêt
de tous, ces trois point de vues à priori contradictoires ?
La proposition
suivante me paraît être un compromis digne d'attention:
Établir dans la loi un statut clair de
parent : le parent
affectif et le parent biologique.
Le parent affectif : Il
n'est pas forcément le parent biologique. Il est celui qui est
consentant à la parentalité. Il s'engage à éduquer, donner de
l'amour, être là, civiliser, permettre à l'enfant de se
construire. C'est véritablement lui qui « fait »
l'enfant.
Le parent biologique : Il
est celui par qui l'enfant est venu au monde mais pas forcément le
parent affectif.Femme où homme, il peut refuser le projet de
parentalité affective pour des raisons qui lui sont propres :
il n'est pas prêt matériellement , psychologiquement, cas de viol,
de piège à la parentalité, il ne veut pas, tout « simplement ».
Quand l'homme et la femme apprennent
qu'ils vont devenir parents (où qu'ils le sont déjà, pour les
pères qui apprennent leur paternité après la naissance de
l'enfant), ils signent ensemble ou séparément un document
officiel :
Reconnaissance de parentalité
affective : par
lequel ils sont consentants à la parentalité et s'engagent à
élever leur enfant de leur mieux, affectivement et matériellement.
Ce contrat matériel et moral fait d'eux les véritables parents,
même s'ils ne sont pas les parents biologiques.
Document de parentalité
biologique : les tests A.D.N où leur simple signature les
déclare parents biologiques. Ils sont totalement distincts des
parents affectifs dont ils refusent l'engagement. Ils n'ont, de ce
fait, aucun droit sur les enfants mais ne peuvent en aucun cas être
poursuivis pour le fait d'être parents (un ajustement est, par
ailleurs à prévoir pour les cas où un frère est issu d'une
parentalité consentie, et non l'autre, piège hélas courant, on le
sait, tendu à dessein).
Ce document, variante de la parentalité
« sous X » sera simplement utile à l'enfant quand il
voudra connaître ses origines.
Pour l'enfant : il doit
avoir le droit de savoir un jour qui sont ses parents. Il ne me
paraît pas sain de vivre caché, ou de taire la vérité aux enfants
qui dans ce cas imaginent des choses plus terribles encore que ce
qu'on ne veut pas leur dire. Un père doit pouvoir, le moment venu
expliquer la différence entre un père biologique et un père
affectif. Expliquer la réalité d'aujourd'hui: l'acte sexuel et
l'acte de procréation sont depuis déjà longtemps distincts,
refuser une parentalité ne signifie aucunement haïr les enfants.
Pourquoi ne pas imaginer qu'une
entrevue d'un jour, d'un moment, soit possible à un enfant pour
qu'une fois dans sa vie (entre 1 et 18 ans?), il puisse voir devant
lui ses parents biologiques ?
Avantages de cette proposition :
*Elle évite les conflits, les
déchirements et les ravages que provoquent les parentalités
imposées. Les enfants pourraient alors venir au monde dans la
sérénité sans avoir le sentiment d'être le fruit d'une duperie,
d'un mensonge ou d'une violence sur l'un de ses parents.
*Elle dégage l'enfant, au moins sur le
plan de sa naissance, de la guerre des sexes (qui osera nier qu'il
n'y est pas, actuellement au centre?)
*Elle clarifie le rôle de parent :
je suis parent consentant, j'assume par écrit ce choix difficile ;
je ne suis pas parent consentant, j'assume aussi par écrit ce choix
non moins difficile.
*Tout en apportant une solution légale
au problème des parentalités imposées, elle ne dispense aucunement
les recherches sur les contraceptions masculines et féminines.
A ce sujet, notons toutefois que s'en
remettre uniquement à la technologie permettant à l'homme d'accéder
à l'équivalent masculin de la pilule contraceptive me paraît
imprudent et surtout insuffisant. En cas de défaillance de sa
pilule, il reviendra alors à la femme seule de décider où non de
mettre ou non au monde un enfant non voulu.
L'intérêt supérieur de l'enfant est
d'être attendu affectivement, psychologiquement et bien sûr
matériellement. Son malheur est d'être convoqué dans un monde où
il n'est pas désiré. Une femme n'est pas forcément une mère, un
homme n'est pas forcément un père.
Puissent un jour les humains venir au
monde sans être otages de la guerre des sexes.
01/01/2016
Thomas Julien
Pour prolonger et élargir la réflexion :
Des sites
qui présentent à mes yeux la double qualité d'être à la fois richement documentés et ne présentant pas de contenus passionnés ou sexistes.
Paternités imposées :
La cause des hommes :
http://la-cause-des-hommes.com/spip.php?rubrique30
Analyse des paternités imposées:
https://parentalites774228278.wordpress.com/2020/03/23/paternites-imposees-analyse/
Masculinités: (attention, ne pas lire "masculinistes!" mais bien m a s c u l i n i t é s))
https://masculinites.fr/
avec une page sur l'inégalité hommes/femmes devant la conception d'un enfant:
http://masculinites.fr/discriminationsparentalite/inegalites-dans-la-loi/se-liberer-des-consequences-de-la-naissance-dun-enfant/
Un magnifique article de Christine Lassalas, Maître de conférence de droit privé à l'université d'Auvergne:
"la paternité ne peut plus être imposée, question de responsabilité":
https://etudiant.lextenso.fr/article-%C3%A0-la-une-famille/la-paternit%C3%A9-ne-peut-plus-%C3%AAtre-impos%C3%A9e-question-de-responsabilit%C3%A9%E2%80%A6
D'un point de juridique:
Les docs du juriste: (DDJ)
https://www.doc-du-juriste.com/droit-prive-et-contrat/droit-civil/dissertation/paternites-imposees-464690.html
le village de la justice:
https://www.village-justice.com/articles/Paternite-imposee-contentieux,18574.html
Analyse des paternités imposées:
https://parentalites774228278.wordpress.com/2020/03/23/paternites-imposees-analyse/
Masculinités: (attention, ne pas lire "masculinistes!" mais bien m a s c u l i n i t é s))
https://masculinites.fr/
avec une page sur l'inégalité hommes/femmes devant la conception d'un enfant:
http://masculinites.fr/discriminationsparentalite/inegalites-dans-la-loi/se-liberer-des-consequences-de-la-naissance-dun-enfant/
Un magnifique article de Christine Lassalas, Maître de conférence de droit privé à l'université d'Auvergne:
"la paternité ne peut plus être imposée, question de responsabilité":
https://etudiant.lextenso.fr/article-%C3%A0-la-une-famille/la-paternit%C3%A9-ne-peut-plus-%C3%AAtre-impos%C3%A9e-question-de-responsabilit%C3%A9%E2%80%A6
D'un point de juridique:
Les docs du juriste: (DDJ)
https://www.doc-du-juriste.com/droit-prive-et-contrat/droit-civil/dissertation/paternites-imposees-464690.html
le village de la justice:
https://www.village-justice.com/articles/Paternite-imposee-contentieux,18574.html
Un livre
Peu de livres, hélas,
existent à ma connaissance sur ce sujet tabou. Citons donc bien sûr
celui de l'avocate féministe Mary Plard paternités
imposées, préfacé par Renaud Van Ruymbeke.
Émissions télé
De rares émissions
passent parfois dans les médias, citons l'excellent film de Lorène
Debaisieux « sois père et tais toi » :
"pères malgré eux", du 28 juillet 2016 dans "envoyé spécial" de France 2.
https://www.youtube.com/watch?v=FR91Iq6ndl8
Articles de presses
« pères malgré
eux, ils assument » dans Marie Claire :
ou « pères malgré
eux » dans Slate :
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